dimanche 22 février 2009

stockez stockez

e manque de crédit, les modestes récoltes prévues pour l'an prochain et le retour des incidents climatiques devraient raviver la tension sur les prix.
Après avoir bondi à des niveaux encore jamais atteints entre mars 2007 et mars 2008, les prix agricoles ont brusquement chuté. Jusqu’à perdre, pour certaines denrées, 60 %. Selon Michel Portier, le directeur d’Agritel, les acteurs de la filière ont surtout été confrontés à une phénoménale volatilité des cours. Jusqu’au début des années 2000, les prix européens étaient rigoureusement encadrés. Sécurisés à la baisse par les prix d’intervention et plafonnés par les taxes à l’exportation, ils restaient contenus dans un couloir de fluctuation étroit, qui protégeait la filière. Depuis, le réaménagement de la politique agricole commune a provoqué une recorrélation relative des prix avec les fluctuations du marché mondial. Jusqu’à récemment, à l’exception de la grande sécheresse de 2003, cette réindexation s’est déroulée dans un
contexte de marché relativement équilibré.

Une récolte céréalière 2009 en recul

Mais depuis 2007, la progression de la demande et les aléas climatiques ont provoqué un renchérissement inédit de l’ensemble des marchés agricoles. De plus, les marchés des denrées agricoles sont désormais corrélés aux autres produits : « Quand le Dow Jones baisse, les cours des commodités baissent aussi », ce qui prouve l’influence des fonds sur ces marchés. Cependant, rappelle Michel Portier, avec 40 % des positions sur le Chicago Board of Trade, les fonds ne créent pas le mouvement mais l’amplifient.

Après avoir établi un record en 2008, à 2 272 millions de tonnes, la production mondiale de céréales devrait chuter de 6,6 % à la fin de la campagne 2009, selon la FAO. Malgré les récoltes abondantes de l’an dernier, les stocks mondiaux se situent à des niveaux faibles; en décembre, ils représentaient moins
de 79 jours de consommation pour le blé (contre 108 jours en moyenne depuis cinquante ans), et au plus deux mois pour le maïs.

« Le recul des cours et l’assèchement du crédit incitent les agriculteurs à réduire les surfaces cultivées », indique Benjamin Louvet, le gérant du fonds Prim’Kappa Agri de Prim’Alternative Investment. Un phénomène d’autant plus inquiétant que les coûts d’exploitation ont flambé en raison de la forte hausse des prix des engrais en 2008 (qui devraient refluer). Or « les prix de vente ne suivent pas ». Un recul de 9 % des emblavements de blé d’hiver aux Etats-Unis a déjà été enregistré. La crise financière est telle en Russie et en Ukraine, le grenier de l’Europe, que les agriculteurs ne sont pas sûrs de semer par manque de moyens pour l’achat d’intrants, s’alarme Michel Portier. Pour preuve, indique-t-il, il n’y a pas eu de ventes de semences de maïs de printemps à destination de l’Ukraine.

la sécheresse frappe la chine et l’argentine

A cela s’ajoute le « retour des aléas climatiques », absents en 2008, renchérit Hélène Morin, analyste chez Agritel. En Argentine, le quatrième exportateur mondial de blé et de soja, la récolte devrait être amputée de moitié suite à la pire sécheresse que le pays ait connue depuis 1961. De même, la Chine subit un déficit record en eau à l’échelle des cinquante dernières années. Selon ses dernières statistiques, sa récolte de blé serait divisée par deux. Le pays dispose toutefois de réserves importantes et ne joue qu’un faible rôle sur les marchés internationaux.

Bref, sans pour autant revenir aux niveaux historiques de 2008, toutes les conditions sont réunies du côté de l’offre pour que les cours des céréales repartent à la hausse.

Pascal Coesnon

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